Chrétiens du monde : l'évangile de l'aveugle né vu d'Afrique
Mission en Actes
L'Evangile de l'aveugle né vu d'Afrique
Le groupe Chrétiens du Monde s'est réuni le dimanche 30 mars pour vivre la démarche de Mission en Actes en partageant sur l'Evangile du jour, celui de l'aveugle né (Jean 9). Voici, pris sur le vif, des extraits du dialogue que cette Parole a fait naître.
« Cet aveugle n'avait jamais vu la lumière, il ne savait pas ce que c'est. Cela me touche. »
« Nous les Africains, nous comprenons bien la question des ancêtres : quand quelqu'un est handicapé, quand un malheur arrive, c'est qu'on a fait quelque chose de mal ou que quelqu'un nous veut du mal. Ce n'est pas facile de dire : « c'est comme ça. » Il y a forcément une origine. Or Jésus tranche : c'est fini tout ça, personne ne doit porter un tel fardeau, personne n'est accusé de ce qui arrive. »
« Pour guérir l'aveugle, Jésus crache et met de la terre sur ses yeux. C'est quoi ça ? C'est un grigri ? De la magie ? Il aurait une puissance cachée ? Pourtant il fait ça devant tout le monde. »
« Moi, ça me parle. En Afrique, quand je repars du village, mes grands-parents font un geste particulier : ils crachent dans leurs mains et m'imposent les mains en me bénissant. Une façon de dire : va en paix. »
« Ma grand-mère soignait les oreillons avec de la boue, en mélangeant plusieurs sortes d'argiles autour des oreilles. Et la salive c'est antiseptique : quand on met de la salive sur les plaies, les mouches ne se posent plus dessus. »
« Dans la salive, il y a la force de Jésus, force de bénédiction, force de guérison et de vie. »
« Jésus nous dit de mettre la magie de côté, de jeter tout ça et de le suivre. »
« C'est intéressant de lire l'Evangile à partir de notre culture. Je ne l'avais jamais lu comme ça. Par exemple, quand on arrive au village, on reçoit de l'eau d'une calebasse sur le visage pour être introduit dans la communauté : c'est aussi par l'eau du baptême sur ma tête que j'ai été introduit dans la communauté chrétienne. »
« Les pharisiens disent à l'aveugle : 'qui es-tu pour nous évangéliser ? Nous on sait, on existait depuis... Tu nous fais la leçon alors que tu es plongé dans le péché'. Les pharisiens sont obnubilés par le péché. Ils font croire au peuple qu'il est dans le péché et ça les rend supérieurs. Ils assoient leur pouvoir sur les consciences. Or Jésus dit : « Dieu vient manifester sa puissance en toi. » Il casse leur commerce, il met du sable dans leur couscous. »
« Les pharisiens veulent enfoncer l'aveugle en lui disant qu'il est plongé dans le péché. Jésus, lui, nous plonge dans sa vie par le baptême, il nous élève. »
« Je découvre une chose tout à coup : Jésus a rencontré l'aveugle sur sa route, il s'est passé quelque chose de fort, mais l'aveugle ne l'avait pas vraiment rencontré, il ne savait pas qui c'était. Et Jésus l'avait laissé seul découvrir la transformation de sa vie. L'aveugle n'avait pas vu Jésus et ensuite quand il voit ... il ne le voit plus ! Jésus a disparu. Jésus laisse le temps à Dieu d'agir. Il laisse à l'aveugle le temps de devenir témoin par ses réponses aux pharisiens, il lui laisse la liberté de le reconnaître et de croire en lui, de témoigner de lui ou pas. C'est dans la contradiction et le débat avec les pharisiens qu'il va peu à peu découvrir et renforcer sa foi. Et cela va aboutir à sa profession de foi : je crois, Seigneur. »
« Dans le récit, quand l'aveugle s'est retrouvé seul et rejeté, Jésus vient le trouver. Les catéchumènes le disent : ce n'est pas nous qui avons trouvé le Christ, c'est lui qui nous a trouvés. Et c'est à ce moment-là que l'aveugle peut le reconnaître et dire sa profession de foi. »