"Baptisés, futurs mariés : que demandez-vous à
l'Eglise ?"
" Que demandez-vous à l'Eglise ?" C'est sur cette
phrase que nous avons voulu débuter cet échange pour
notre édition de ce mois-ci. La question est volontairement
un peu équivoque. Nous allons tenter, au fil de notre
rencontre, d'y répondre à la lumière du parcours
vécu à l'occasion des sacrements de baptême et de
mariage. Chacun pourra aussi se poser cette question pour
lui-même ou sa famille dans le cadre de son parcours de
chrétien.
Nous échangeons avec Marie et Antoine qui
témoignent chacun à leur place dans notre
communauté. Marie est une jeune mère de
famille, membre de l'équipe de préparation au mariage
avec son époux Christophe. Antoine est un jeune papa
qui a fait baptiser, avec son épouse Carine, la petite
Marion il y a quelques semaines. Il est aussi impliqué dans
des groupes paroissiaux.
" QUE DEMANDEZ-VOUS A L'EGLISE ?" : COMMENT INTERPRETER CETTE
QUESTION ?
Cette question peut s'entendre à deux niveaux selon nos
interlocuteurs :
* " ce qu'un couple ou une famille demande dans le cas du
sacrement,
* " ce qu'on attend ou ce qu'on revendique sur ce que devrait
être la communauté vers qui nous nous tournons. Nous
avons fait baptiser Marion, dit Antoine, dans un souci
d'ouverture à la communauté des chrétiens.
J'entends par là que nous demandions à l'Eglise
d'être disponible, ouverte et accueillante pour notre fille.
J'ajoute que nous avons vécu cela avec un vrai bonheur et
que nous sommes pleinement conscients de cette ouverture et de
cet accueil.
D'AILLEURS, DE QUI OU DE QUOI PARLE-T-ON QUAND ON DIT ICI "
EGLISE " ?
Antoine : Pour moi, il est clair qu'" Eglise " est
synonyme de " Communauté ". Ainsi, si on demande ce qu'on
attend de la communauté, c'est clairement d'être le
reflet de sa pluralité. C'est dans la multiplicité que
se trouve la réalité de l'Eglise selon moi. Je demande
qu'elle soit maintenue et assumée.
ET QUE DIRE DES FUTURS MARIES, QUE DEMANDENT-ILS ?
Marie : Il y a selon moi deux approches.
Celle tout d'abord du " pourquoi " et de ce que les futurs
époux demandent dans le cadre de leur démarche.
Souvent, nous voyons des fiancés qui voient une sorte de
caution, de protection dans l'Eglise. S'engager dans le sacrement
de mariage est aussi pour eux un moyen de renouer avec
l'église. Ils veulent un soutien. Ils voient ce cheminement
comme une suite de leur parcours de chrétien, jalonné
par le baptême, les communions, etc. Parfois, c'est une
sorte d'aboutissement, la fin d'un cycle, en fidélité
à leur passé, leur éducation, leur famille (alors
que ce serait plutôt le début d'ailleurs de l'aventure
...)
Enfin, cette demande s'inscrit dans la durée puisque leurs
(futurs) enfants sont aussi dans le champ de ce projet (rappelons
que l'éducation chrétienne des enfants est un des
engagements du couple marié à l'église).
La seconde lecture de cette demande fait écho à ce que
les couples attendent de l'Eglise. Et là, les choses sont
claires : ils attendent de l'accueil, de la
compréhension,
de l'absence de jugement face à ce qu'ils considèrent
parfois comme des faiblesses dans leur état de
chrétien. Et c'est faux, bien entendu, il n'y a aucune
faiblesse ni jugement, mais force est de constater, parfois,
cette " peur " chez ces couples qui reviennent à l'Eglise
pour la journée de préparation. On se demande
d'ailleurs d'où vient cette image d'une Eglise qui juge et
qui porterait un regard unique et monolithique. Les média
peut-être. C'est dommage. Ils ne viennent pas vraiment a un
examen. D'ailleurs, à la fin de notre temps d'échange,
ils sont souvent plutôt agréablement surpris. Un peu
comme si ce climat avait justement répondu à leur "
demande ".
QUE PEUT-ON VOIR AU DELA DE CES " DEMANDES " ET COMMENT Y
REPONDRE ?
Antoine : Selon moi, il est clair que la principale
demande quand on désire le baptême concerne le lien
avec l'assemblée des chrétiens. Nous sommes en
recherche d'un lien, d'une écoute et d'un accueil. Pour
certains, cette " main tendue " sera saisie tout de suite, ou
plus tard selon les parcours de l'éducation de l'enfant. En
outre, s'agissant du baptême, le fait de vivre ce sacrement
dans le cadre de la messe nous a comblé. Nous demandions
à l'Eglise d'accueillir Marion, alors quoi de plus beau que
l'assemblée réunie pour cela !
Marie : Les gens demandent l'ouverture vis à vis
d'eux et l'accueil en toute simplicité. Nous nous devons de
répondre à cette demande. Tout le monde a sa place. Et
cela n'empêche pas d'être précis et ambitieux dans
le cadre de la préparation au mariage quant à des
fondamentaux comme la fidélité, l'indissolubilité,
l'éducation des enfants.
UN MOT DE CONCLUSION ?
Antoine : On demande à l'Eglise de nous accueillir.
Soit. Mais parfois je m'interroge : et nous, réciproquement,
en tant que chrétien, que fait-on pour accueillir l'Eglise
(son message, ses communautés) ? Poser ainsi le débat
nous questionne à mon sens sur notre place d'acteur central
de la communauté, tous autant que nous sommes. Comme le dit
l'écriture, nous sommes les
membres d'un corps, chacun a sa place. Nous répondons donc
collectivement à ces demandes faites à l'église.
Et ça interpelle !
Marie : Dans ce que nous demandons à l'Eglise, la
dimension accueil et soutien est fondamentale. Conscients que
nous sommes tous ensemble une part de cette Eglise, nous devons
prendre notre place de chrétien pour aider nos amis, voisins
ou paroissiens à cheminer, au fil du temps et des
sacrements. C'est aussi notre responsabilité.
Chacun pourra s'interroger sur son parcours et son
expérience, à travers les sacrements ou sa manière
de vivre au sein de la communauté....
ET VOUS, QUE DEMANDEZ-VOUS A L'EGLISE ?
Propos recueillis par
Guillaume FERY
Pour aller plus loin, vous pourrez emprunter à
la bibliothèque du centre pastoral :
- 2 ouvrages de Jean Noël Bezançon - "Jésus
et son Dieu", une catéchèse pour tous - "Un chemin pour
aller ensemble au cœur de la Foi"
- et un ouvrage de François Varillon"Vivre le
christianisme".
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