Voici Pâques, comme un printemps qui fait éclore la vie !
Samedi Saint, grande journée de silence, le tabernacle est
ouvert dans l'Eglise, il est vide !
Il n'y a pas de liturgie ce jour là, Jésus est au
tombeau !
Comme le dit un auteur du Vème
siècle :
" Dieu s'est endormi dans la chair et il a
éveillé ceux qui dorment depuis les origines. "
En cette longue journée où les chrétiens
méditent sur l'absence,
je pense à toi qui a perdu celui ou celle que tu
aimais
et qui a du mal à supporter cette absence, ce vide dans ta
vie.
Une question ne cesse de te tourmenter :
" Mais où es tu, toi qui me manques ? "
Je pense à toi qui es sans travail, qui tourne en rond
dans ton appartement,
désespéré par l'envoi
de CV et attendant sans cesse une réponse qui te donnera
un espoir !
Tu te sens inutile et toi aussi une question te prend la
tête :
" Qui va me redonner la force de ne pas désespérer,
quand aucune entreprise ne veut m'embaucher, par manque
d'expérience ? "
Je pense aussi à toi qui es seul dans ta maison de
retraite ;
les journées n'en finissent pas, et tu n'as plus personne
qui vient te visiter !
La solitude te ronge et tu cherches des raisons pour t'accrocher
à la vie.
Tu pries avec cette question :
" Comment continuer à vivre,
quand on n'a plus que ses souvenirs comme visages qui nous font exister ? "
Longue journée du samedi Saint, la prière s'est
faite silence ;
il n'y a plus que vos cris, vos visages, votre attente qui la
nourrissent !
La nuit est tombée sur la ville, la nuit s'est
installée dans ma vie,
et voici que, déjà, crépite le feu de
Pâques.
La flamme du cierge pascal s'avance dans l'obscurité de
l'Eglise,
comme une étincelle qui va allumer l'espérance !
L'attente devient présence,
le silence a permis d'entendre une parole,
la vie est plus forte que la mort,
le Ressuscité nous envoie dans la Galilée de tout
homme,
pour allumer le feu d'une présence !
" Eveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d'entre
les morts,
et le Christ t'illuminera " (Ep. 5, 14)
Voici que nous sommes invités à annoncer un
printemps,
les bourgeons sortent, les fleurs vont éclore,
une promesse de fruits annonce la joie des récoltes.
Pâques nous envoie dehors,
là où la vie est menacée,
là où l'espoir s'est éteint,
là où la solitude s'est installée,
là où la croix est restée plantée
!
Ne vivons pas en ennemis de la croix du Christ nous dit
l'Apôtre,
elle nous rappelle que tout amour est
crucifiant,
et qu'il nous faut prendre des risques,
pour passer et faire passer de la mort à la vie !
Je nous invite à chanter Pâques
là où
l'homme n'espère plus,
là où la vie est si fragile,
là où
l'amour s'est évanoui.
Dieu vient nous dire, par Jésus-Christ,
que pour lui rien n'est perdu,
que toute vie est un printemps,
qu'un avenir va refleurir !
Père Pierrick Lemaître
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